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Titel
La famille Bouër à Genève et à Rolle (1714-1814).


Autor(en)
Naef, François
Erschienen
Genève 2004: Slatkine Reprints
Anzahl Seiten
220 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
François Cojonnex

L’ouvrage de François Naef nous invite à la découverte de l’histoire passionnante et inédite d’une famille genevoise presque oubliée, la famille Bouër. Nous suivons donc pas à pas, écu après écu, l’irrésistible ascension de ces Huguenots berrichons, pendant genevois des Buddenbrook de Thomas Mann, tout d’abord pasteurs, marchands, et enfin banquiers du roi de Sardaigne.

L’histoire de la famille Bouër s’étend sur plusieurs générations, du Berry à Genève, en passant par Gênes. Tout commence par Jean (Ier) Bouër, issu d’une famille de changeurs originaire de Bourges ; acquis au protestantisme, Jean s’installe, au milieu du xvie dans le village de Mérindol, dont il devient le pasteur. Les raisons de son émigration sont obscures, mais sont vraisemblablement liées à sa foi. Son fils Jean (II) fait carrière comme magistrat dans la petite communauté de Mérindol, quant à son fils, Jean (III), il est notaire. Il faut attendre l’arrière-petit-fils de Jean (Ier), Jean (IV), pour retrouver un pasteur dans cette famille. Concernant Jean (IV), l’auteur nous relate une anecdote intéressante, mettant en lumière le tempérament bouillonnant du jeune homme. Ainsi, lors de ses études à l’Académie de Genève en 1654, le jeune Bouër et trois de ses camarades sont censurés pour fréquentation abusive de cabarets. Cependant Jean (IV) est nommé pasteur au Luc en 1656. Il y prêche jusqu’à la Révocation de l’Edit de Nantes le 17 octobre 1685. Le pasteur Bouër quitte alors la Provence pour la Hollande, laissant au Luc femme et enfants. Son fils, Jean (V), étudiant à Genève à la même époque, revient à Mérindol, qu’il quitte peu après, rejoignant son père en exil en Hollande, d’où l’on perd sa trace.

Le renouveau, l’essor de la famille, est donné par le frère cadet de Jean (V), Joseph (Ier). Il s’installe en 1693 à Nice, où il est agent du consul des Provinces-Unies. Il commence une carrière de négociant, devient consul de Grande-Bretagne, et fait prospérer ses affaires. En 1706, après la prise de Nice par les Français, durant la guerre de Succession d’Espagne, Joseph Bouër s’établit à San Remo. Puis deux ans plus tard, il se fixe à Gênes. En 1714, il acquiert avec son fils, Joseph (II) âgé de sept ans, la bourgeoisie de Genève. Dans un même temps, il achète la propriété de Plongeon, devenu aujourd’hui le parc des Eaux-Vives.

A partir de 1714, début l’aventure genevoise des Bouër. En 1720 Joseph (Ier) marie sa fille aînée, Claire, à François Delon. Il associe étroitement son gendre à ses affaires et fonde la société Bouër Delon et Cie. Le fils de Joseph (Ier), Joseph (II), lui succède en 1743. Depuis 1727 déjà, Joseph (II) travaille au côté de son père et de son beau-frère. En 1742, le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel, demande à Joseph (II) de contracter, en son nom, un emprunt auprès des riches familles patriciennes de Genève. Ce premier emprunt est un tel succès que l’opération est renouvelée sept fois entre 1742 et 1749. L’auteur nous donne en annexe la liste des souscripteurs des emprunts sardes. Ce document est d’un grand intérêt pour l’historien car il montre la diversité des acquéreurs, du Doge de la République de Gênes, en passant par la caisse de famille des de Watteville.

En 1760, après avoir vendu le domaine de Plongeon, Joseph (II) achète en 1763 une maison à Rolle, puis le château du Mont trois ans plus tard. Joseph (II) mène sur la Côte une vie de rentier et fréquente la bonne société locale. Il meurt à Genève le 20 février 1770. Son fils Joseph (III) hérite du château du Mont, il y vit loin des agitations et des troubles qui vont précipiter la chute de l’Ancien Régime à Genève. Pourtant, les affaires le rattrapent, il perd sa fortune à la suite des mauvais placements. Il meurt en 1814 à Genève, ruiné, et sans descendance.

A travers l’histoire de la famille Bouër, François Naef nous propose une intéressante réflexion sur une famille trop longtemps méconnue, et nous conduit habilement dans les méandres tortueux de plusieurs siècles d’histoire européenne et locale.

Citation:
François Cojonnex: compte rendu de: François Naef, La famille Bouër à Genève et à Rolle (1714-1814), Genève, Slatkine, 2004, 220 p. Première publications dans: Revue historique vaudoise, tome 114, 2006, p.362-363.

Redaktion
Veröffentlicht am
26.05.2010
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Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
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